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ONG, Société civile et Monde arabo musulman
Depuis plusieurs semaines une grande partie du monde arabo musulman est secoué par une vague de contestation. Révolutions, révoltes, coup d’état ? Il est difficile de choisir entre ces trois options. Probablement un peu de tous ces ingrédients. En effet, comment qualifier la situation tunisienne où la rue à joué un rôle déterminant mais où l’armée, par la voie de son chef d’état-major en refusant d’intervenir, a contraint le président à la fuite. Révolte ou coup d’état ? Quoi qu’il en soit ce qui est frappant dans l’apparition de tous ces mouvements, à l’exception de la Tunisie c’est la quasi absence des ONG, sauf les ONG proche des mouvements religieux se réclamant de l’islam. Autrement dit la question est posée de savoir si dans cette partie du monde une société civile organisée peut exister en dehors de l’orbite religieuse. En mêlant le profane et le « sacré », ce dernier terme n’ayant un sens que pour autant que l’on partage l’idée de l’existence de dieu ou d’un être suprême, on risque d’aboutir à une situation à l’iranienne ou tout espace de liberté a disparu avec confiscation du pouvoir au profit d’une élite cléricale obscurantiste. Il est pour le moins regrettable que depuis 40 ans les grandes ONG et les Etats démocratiques n’aient pas fait porter leurs efforts en direction des organisations qui soutenaient la construction d’un état qui rendait à « dieu ce qui est à dieu et à César ce qui était à César », conditions premières de l’égalité, de la liberté et de la fraternité bref des valeurs citoyennes dont nous ne cessons de nous réclamer. Le résultat est qu’aujourd’hui dans cette partie du monde nous sommes face à l’absence de sociétés civiles en capacité de gérer les affaires.
Francisco Rubio.
Maître de conférences à l’université du Mans