En cette année 2015, pour la dernière fois, en marge du Forum de Davos (ou World Economic Forum) a été remis par un groupe d’ONG le prix de La Honte. De quoi s’agit-il ?
Selon la technique de plaidoyer dite du « Naming and Shaming » autrement dit désigner publiquement et faire honte publiquement, un groupe d’ONG remettait publiquement un prix à l’entreprise qui avait été élue pour ses pratiques contraires à l’environnement ou ses violations des droits de l’homme.
Cette année c’est l’entreprise pétrolière américaine Chevron qui a été retenue pour cette haute distinction. Cela ne surprendra personne, mais nos grands patrons, si prompts à venir chercher des hochets de type légion d’honneur ou mérite civil, en dix ans n’ont jamais trouvé le temps de passer le chercher. Dommage !
Merci Chevron...
Dommage car cette coalition d’ONG qui regroupait les ONG dite de la Déclaration de Berne et Greenpeace a décidé de ne plus décerner ce prix, et ce pour diverses raisons.
D’abord le World Economic Forum a changé et désormais a ouvert ses portes à la société civile qui participe à un forum regroupant tous les acteurs et peut donc s’exprimer publiquement. Le Forum est moins opaque. Dire qu’il est transparent serait un bien grand mot. Mais c’est déjà un progrès.
Ensuite, le monde change et les ONG avec. Le prix de la honte avait été décerné à des entreprises comme Samsung ou à une banque comme Barclays et ces entreprises ont modifié leurs pratiques. Mais surtout et enfin, au niveau des Nations unies il y a maintenant les « Principes directeurs pour les entreprises et les droits humains »
La coalition d’ONG a donc décidé de modifier sa stratégie et de s’engager dans une vaste campagne en Suisse pour profiter de la législation du pays qui permet l’initiative citoyenne et in fine forcer le gouvernement fédéral à prendre des lois si une votation populaire le demande.
La Suisse qui abrite de très grands « brokers » internationaux est donc en première ligne dans ce combat et c’est pourquoi les ONG vont tenter de mobiliser l’opinion helvétique pour forcer les autorités fédérales à légiférer pour introduire en droit Suisse obligatoire ce qui n’est encore qu’un voeu des Nations unies.
J’ai souhaité vous faire part de ces informations pour montrer comment la société civile organisée progresse, par diverses voies, pour forcer les multinationales à respecter les droits de l’homme et de l’environnement notamment en empruntant des chemins que les grands patrons n’imaginaient pas.
Bien amicalement à vous tous
Francisco RUBIO
Webster University Genève
Les pratiques commerciales irresponsables sous le feu des projecteurs
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